mercredi 28 novembre 2007

Tinariwen au Club Soda(Canada) : tous pour eux

Le concert donné vendredi soir dernier au Club Soda était placé sous le signe du Festival au désert, événement annuel se déroulant à Essakane, au Mali, depuis 2001. Le joueur de kora Mamadou Diabaté en première partie, puis le groupe Tinariwen - qui a d’ailleurs été découvert à ce festival - ont bravé l’hiver précipité pour souffler le sirocco devant quelques centaines de fans qui en avaient bien besoin...Face à ces bluesmen militaires porte-étendard d’un peuple touareg sans pays, le public a fondu comme neige au soleil. Même sans pouvoir saisir la gravité de leurs textes, nous étions tous devenus militants pour leur cause, tiens ! Vêtus de leurs costumes traditionnels, armés de leurs guitares électriques, les cinq musiciens n’ont pas mis de temps avant d’envoûter les Montréalais en ce vendredi soir frisquet avec leurs grooves cadencés et des riffs familiers, bien que venus d’ailleurs.L’effet que procure cette musique est fascinant. En deux chansons assez courtes, le public faisait partie de leur voyage sans fin. Les nomades musiciens sont arrivés à quatre sur scène ; un percussionniste assis à l’avant et trois guitaristes-chanteurs. Offrant un chant dépouillé au tempo rapide, ils ont dressé la table avant d’inviter un cinquième musicien et de brancher la basse électrique. On a monté le volume, et le groupe a visité son répertoire en près de 90 minutes. De toute évidence, nous en aurions pris davantage.Quelque part entre le Delta blues et les rythmes traditionnels de l’Afrique de l’Ouest, Tinariwen et leurs confrères- bluesmen (cherchez la musique de Toumast, Kel Aïr, Tarbiyat, Terakaft) ont inventé leur voix, accessible et charismatique. Le bassiste avait le geste d’un vieux loup funk, la tête enrubannée hochant à gauche et à droite.

Le barbu au bout du rang, guitare électrique au cou et sourire béant, semblait montrer les pas de danse aux spectateurs. Contagieux : c’était la fête, même si loin au nord du Niger, les combats pour la défense de ce qu’ils considèrent être leur territoire ont repris.Leur jeu sans grande finesse était compensé par l’authenticité de la performance, attendue depuis déjà deux ans alors que le groupe avait dû annuler à la dernière minute un concert prévu au Festival de jazz (qui présentait d’ailleurs la soirée Festival au désert dans sa série Jazz à l’année). Les riffs de guitare sont simples, mais d’une efficacité terrible. Le blues des Touareg, appelé assouf - nostalgie, en tamasheq, langue des nomades du Sahara - ne connaît pas plus les frontières que le blues qui a inspiré les Rolling Stones, pour ne nommer qu’eux. Les chants de groupe étaient crûment lancés sur ces rythmes parfois complexes, rendant la décharge encore plus vive.En fin de parcours, après le troisième rappel « forcé » par les applaudissements du public, les musiciens de Tinariwen nous ont personnellement invités à aller les visiter, en janvier prochain, pour la 8e édition du festival. Et si le coeur vous en dit, l’info est par ici : festival-au-desert.org - une trentaine de groupes y sont invités, et vous risquez aussi d’y croiser quelques habitués, comme Damon Albarn (Gorillaz) ou encore Robert Plant, qui a jammé là-bas avec Tinariwen.