jeudi 8 mai 2008

les réfugiés touaregs, la tragédie

Après des quinzaines d’années de sérénité, les réfugies touaregs s’installent une nouvelle fois dans les camps des sinistrés, depuis plus de deux moi, au sud de l’Algérie; croupissent dans les camps isolés et battus par les vents.
Fuyant de la violence effroyable des répressions de l’armée malienne, des dizaines d’année plus tard, après les crimes, les génocides et les tragiques événements commis par l’armée malienne.
C’est à Timiaouine, Tinzaouaten, Bordj Badji Mokhtar, les villes frontalières les plus proches du mali, qu’on trouve des centaines de réfugiés touaregs. Venus de Kidal et ses banlieues.
L’assassinat des deux cadres touaregs originaires de cette ville désertique au nord du mali et la désertion des plusieurs officiers touaregs de l’ADC, considèrent les raisons directs de cet exode.
Ces familles touarègues ils vive jusqu’au présent dans les conditions très déplorables et entièrement misérables.
La localité de Tinzaouaten est l’une des communes les plus hospitalière de ces confrères touaregs.
Pour le moment il y a deux camps des réfugiés à Tinzaouaten ; l’un est situé à 3km d’achébréche « Tinza Mali », et l’autre dans la même place du premier camp des années 90.
La vie dans ces camps de Tinzaouaten est incroyablement dure. Une chaleur écrasante l'été (50 degrés à l'ombre). Les vents de sable rendent l'atmosphère irrespirable. Mais le pire, pour tous ces réfugiés touaregs, c'est l'attente.
Les habitants de ces deux camps ont besoins de tout pour l’instant, les produits alimentaires nécessaires, et ont besoin d’un dispensaire mobile, à cause de l’infection de plusieurs maladies très dangereuses risque d’avoir des conséquences très sévères sur l’état de santé général des réfugiés,
Plus de moitié des enfants des réfugiés sont sous-alimenté, et plusieurs autres de ces enfants souffrent d’anémie, rougeole, malaria…
La croix rouge et le croissant rouge Algérien sont présent sur les terrains pour donner l’aide, mais malgré tout ces efforts il y a toujours l’insuffisance car le nombre des réfugiés est en augmentation.
Un chef de ces réfugiés touaregs a lancé un cri de détresse en direction des gouvernements et organisations humanitaires pour fournir de l’assistance aux réfugiés touaregs au sud Algérien.
Notamment les enfants, les femmes et les personnes âgées, «sont toujours dans l'attente de l'arrivée des aides alimentaires pour couvrir leurs besoins.

mercredi 30 avril 2008

Tinariwen : le blues du désert souffle sur Coutances

C'est l'une des têtes d'affiche du festival : le blues lancinant de Tinariwen est très attendu. Ce soir, la caravane des guerriers du blues passe : ne la manquez pas.« Des légendes vivantes de la musique touarègue », « des poignantes harmonies de voix », « un voyage rythmé sur le pas languissant des chameaux », « quelque chose d'aride, un parfum de désert, une absence de chichi »... Les critiques sont élogieuses quand on consulte leurs biographies. Des stars comme Santana ou Robert Plant, qui s'y connaissent un peu en guitares, les ont encensés et certains décernent même à Tinariwen le titre de « meilleur groupe de rock du monde ».
Groupe Touareg du Mali, Tinariwen a été créé en 1982 et joua un rôle important pendant la révolution Touarègue de 1990 en diffusant des messages d'espoir et de résistance. Une fois la paix revenue le groupe s'est consacré à la diffusion de sa culture avec une musique qualifiée de « blues du désert » et des textes qui évoquent autant l'amour que les souffrances du peuple Touareg.
La musique de Tinariwen évolue entre culture arabe et d'Afrique noire : les mélodies hypnotiques des guitares africaines alliées à d'irrésistibles rythmes syncopés subliment les chants arabes de ces nomades du désert.

Ce mercredi à 22 h 30.
Ouest-France

salut à mes frères

Salut à mes frères, salut aux martyrs
Nous avons un pays et nous y vivrons
Sans pactiser avec l’ennemi
Quoi de plus dur que la pierre ? Une nation debout
Le soleil ne brille qu’une fois levé
Il n’y a rien de plus beau que la verdure
L’or ne brille pas dans une pièce fermée
La braise ne brûle que lorsqu’elle est allumée
On a jamais vu de poisson marcher sur les dunes
Je vais dire la vérité du plus profond de mon âme
Il n’y a rien de plus beau que la verdure

Group tinariwen
Poème recueilli par Nadia Belalimat

Là bas l’ennemi, ici le désert

Compagnons,
Nous habitons la montagne.
Là bas l’ennemi,
Ici le désert.

Depuis que nous sommes nés,
Nous sommes debouts.
Et nous jurons
Qu’un jour, nous serons libre.

Nous nous dressons
Et regardons au fond de la vallée
Où se trouvent les jeunes gens
Dont l’un est irréductible.

Puisque le combat tue,
Autant s’entendre entre nous.
L’unité, tout de suite !

Chant composé en 1991 au cours d’un encerclement des combattants touaregs par l’armée régulière pendant quarante jours dans la montagne.

Désert blanchi

Désert blanchi
Où m’assaillent les soucis.
Si vous parlez de l’amour
Il file derrière moi
Rejoindre les soucis.

Il n’y a rien que je haïsse.
Les âmes se mêlent aux âmes.
Je suis le fils des soucis.
Je suis le fils des gazelles.
Je suis le fils des gazelles
Grandi dans la fuite.

Quand j’ai ressenti l’amour,
Il est devenu dans mon cœur
Les sources pour lesquelles
Je viens de loin.
Je viens pour les sources.
J’arrive au puits
Qui était mon but.
Il est à sec,
Sans eau.

Désert blanchi
Réduit en un grain blanc.

J’aurais aimé me reposer
Même à l’ombre d’un petit doigt
Où il n’y a que des épines,
Ombre infiniment déployée.

Multitude de pensées
Auxquelles je demande la délivrance
O quitter l’encerclement des regards et tailler une éclaircie
Entre eux qui contrarient mon désir.
Je m’interroge sur ce qui les vaincrait.

Désert blanchi
Où m’assaillent les soucis.
Je me suis dressé.
Je vacille.
J’ai soif.
Nous voulons de l’eau.
Intayadéne
Interprétation de moussa ag Moustafa

lundi 21 avril 2008

tanakra

Alawwat ayitma nalhet s-tanakra
Naddarrab tazoli ta sal ta fal enwa
Nessabdad attarekh s-iless an-takoba
Nalil dagh addin s-enta adagh uffa
Oyyanaqq-idd Taraq ad-fihrun dagh ibda
Annar ded nankar anga wen dagh iga
Ifaw-idd nassewadh tayette war anla


Sil vous plait, mes frères, assemblons-nous en vue du soulèvement
Nous apprendrons le maniement d’autre arme que celle de notre naissance
Nous dresserons l’histoire par la lame du sabre
Orientés par la foi qui l a engendrée
Que Taraq et fihrun nous ont légués
Si nous nous levions et les imitions
Viendra une connaissance que nous n’avons pas
tinariwen

dimanche 20 avril 2008

C’est notre devoir

C’est notre devoir
De redresser les piliers écroulés
Au nom d’un droit existant et nie
Depuis tant d années écoulées.
J’appelle les hommes
Qui connaissent
Les maux passent
Au prix des vies et du sang.
Voici les lointains verdoyants
Aux touffes bourgeonnantes.
Qui en est séduit parmi la jeunesse?
Ce sont mes frères qui les habitent.
kidou "les années de rébellion touarègue de 90"

samedi 19 avril 2008

La pétition pour la paix

Face à la situation d'extrême tension régnant depuis plusieurs mois au nord du MALI et, considérant le risque d'une escalade incontrôlable de la violence de nature à conduire cette région du globe à la guerre,Nous, associations, ONG, élus et citoyens travaillant à la coopération décentralisée avec la région de Kidal, ou plus simplement, amoureux du MALI en général, du septentrion malien en particulier, lançons aujourd'hui un appel solennel à la paix pour le MALI.Convaincus que le chemin du développement ne peut et ne pourra jamais passer par l'usage des armes et de la violence…Convaincus que l’ATNMC (Alliance Touareg du Nord Mali pour le Changement) et le gouvernement malien ne pourront sortir de cette impasse que par la discussion, en posant sur la table l’ensemble des questions liées au développement du nord et en recherchant des solutions viables, durables et adaptées aux problématiques spécifiques de cette zone saharo-sahélienne …Certains que ni l’Etat du MALI, ni les membres de l’Alliance n’ont quoi que ce soit à attendre d’une troisième rébellion qui, après celles des années 60 et 90, plongerait de nouveau la région de Kidal dans le chaos, les larmes et le sang…Certains que la région possède, en son sein, les ressources humaines capables de tracer, en coopération avec l’état malien et ses partenaires, les perspectives d’un développement qui respecte l’identité Tamasheq, intègre ses spécificités et reconnaisse l’unité de la nation malienne…Nous appelons, aujourd’hui, les parties prenantes de ce conflit à retrouver, ensemble, la voie du dialogue et à se remettre autour de la table des négociations.
Parce que nous aimons le MALI.
Parce que nous aimons la région de Kidal et ses habitants.
Parce que nous savons que seule la paix permettra à chacun d'envisager l'avenir avec confiance et espoir.
Nous signons cet appel solennel à la paix et demandons aux deux parties de l’entendre."
Vous pouvez la signer sur le site : http://www.lapetition.be/petition.php?petid=2153 vous la trouverez sous le titre "Pour la paix au Mali".
Merci à toutes et à tous.

dimanche 13 avril 2008

Le miraculé

Mes frères,
Nous allons nous soulever
Car pour la mort nous somme faits.
Nous n’avons pas d’armes,
Nous les prenons chez l’ennemi,
Voici bien la preuve
De la cause qui nous motive.
Nous avons vu l’innocent
Assassiné à cause de la vengeance,
Un petit enfant a peine né.
Quand les hommes l’ont trouvé
Il avait passé sans boire
Une journée entière
Et il était blessé, le miraculé.
Il avait passé sans boire
Une journée entière
Il doit grandir
Il se soulèvera
Au nom de la vengeance.
Le mystère du soleil et de la pluie
M’a frappé.
Les pays ne verdoient plus
Et s’y succèdent les famines.
Mes frères,
Nous allons nous soulever
Car pour la mort nous somme fait.
Nous n’avons pas d’armes
Nous les prenons chez l’ennemi.
Chant composé à la suite des massacres de civiles touaregs perpétré par l’armée malienne au nord du Ménaka en 1991.

Kidou ag oussad

vendredi 11 avril 2008

Assassinat d'un officier de l'Alliance

Un commandant touareg a été assassiné hier dans la région de Kidal au nord du Mali.
Le commandant était accompagné d’un jeune intellectuel de la région ressortissant d’une université libyenne et le fils du commandant, Le jeune diplômé, son assassinat a été survenue après avoir contacter la chaîne Aljazeera.
Apres l’échec des négociations des deux parties « du gouvernement et celle de l’ATNMC » dans la capitale libyenne ayant pour objectif l’allégement des troupes militaires au nord et la libération des détenues.
L’armée poursuit ses renforts et mène des opérations contre la population civile, intellectuelle et la nouvelle désertion de l’Alliance de 23 Mai.
Un prétexte pour ibrahime ag bahanga de multiplier ses attaques.

mercredi 9 avril 2008

Rassemblement de soutien et de solidarité

Afin de dénoncer les exactions auxquelles se livre l’Etat nigérien et malien dans le vaste Pays touareg, et pour exprimer leur soutien au peuple touareg en lutte contre l'injustice et la marginalisation, trois organisation de l’Hexagone, L’Internationale Touarègue, France Libertés et Tamazgha appellent à un rassemblement le samedi 19 avril 2008 à 14h00 sur le Parvis des Droits de l’Homme au Trocadéro à Paris.
pour demander:
A la communauté internationale de se mobiliser aux côtés du peuple touareg contre une injustice récurrente subie depuis des décennies...
Aux organisations internationales, aux Etats et aux élus de prendre leurs responsabilités en sortant d’un silence complice...
Rejoignez les organisations et participez au rassemblement du samedi19 avril 2008 à 14h00.
Parvis des Droits de l’Homme (Trocadéro – Paris)

lundi 10 mars 2008

Akh issudar

“Akh Issudar” marque une évolution dans les pratiques d’enregistrement des musiciens de Terakaft. Sous la houlette de Jean-Paul Romann (ingénieur du son de Lo’Jo, réalisateur des « Radio Tisdas sessions » de Tinariwen, et du Festival au Désert, compilation 2003), ils ont entrepris de faire les prises piste par piste, comme il se doit. Après deux mois de tâtonnements, « Akh issudar » compte finalement pas moins de 14 titres aux charmes et aux essences variés....
lire la suite:
http://taoundart.unblog.fr/taoundart-info/

mercredi 20 février 2008

L’art d’être touareg aujourd’hui

Les hommes bleus sur cimaises washingtoniennes
Ils sont des apparitions. Soudain, on les voit surgir entre les dunes, dominant le paysage du haut de leurs chameaux blancs et fièrement drapés dans leurs voiles bleus qui ne leur découvrent que les yeux. Immuable image des Touareg. La teinture indigo de leurs voiles, déteignant souvent sur leur visage, leur a valu d’être surnommés « les hommes bleus ». Image teintée aussi d’exotisme et de romantisme. Mais que sont-ils devenus aujourd’hui ? La réponse est donnée par une exposition qui se tient actuellement au Musée des arts africains à Washington sous le titre « L’art d’être touareg aujourd’hui : les nomades du Sahara dans le monde moderne ».Loin d’être figée dans ses traditions et dans les peintures orientalistes (notamment de Delacroix, Gérôme et Matisse), cette peuplade des déserts d’Algérie, du Niger et de Bali fait avec aisance le va-et-vient entre le passé et le présent, le calme du désert et le brouhaha des villes.
C’est ce que donne à voir cette exposition à travers des photos et une multitude d’objets de leur création.Collaboration avec HermèsTémoin spectaculaire de cette immersion dans un univers qui leur est en principe étranger, leur collaboration avec la célèbre maison Hermès qui leur avait commandé, il y a quelques années, des accessoires en argent qui ont servi à orner des sacs, des ceintures et des bijoux portant sa griffe. Par ailleurs, une collection de foulards Hermès avait été réalisée à partir de motifs et de couleurs touareg.À noter que dans leur artisanat, les hommes bleus continuent à utiliser les techniques ancestrales. Par ailleurs, le partage du labeur n’a pas changé non plus : le travail de l’argent est une affaire d’hommes et celui du cuir est du ressort des femmes. C’est ce que l’on apprend notamment dans la première partie de l’exposition réservée à une galerie de portraits explicatifs de la vie actuelle de ces nomades. De là, on pénètre dans une galerie qui évoque l’immensité du désert où a été dressée une tente à mâts décorés et entourée de brise-vent à motifs.
Le mode de vie est suggéré par des bols de bois, des sacs en cuir, des selles de chameau, des poignards, des épées, des bijoux classiques et des instruments de musique. Une vidéo montre des Touareg avec leurs voiles bleus qui tantôt se déplacent à dos de chameau, tantôt en 4 X 4. Les femmes (qui, elles, ne se voilent pas) portent des robes locales brodées aussi bien que des vêtements importés. Les musiciens jouent sur un tambour fait de peau de chèvre ou sur une guitare électrique.
Thomas Seligman, responsable de l’exposition et aussi grand spécialiste de cette peuplade, précise : « La pratique du commerce est à l’origine de cette adaptabilité. Et le commerce a eu une grande influence sur la culture. » Puis il a mis l’accent sur le point suivant : « J’espère que cette exposition sera une occasion pour que les gens découvrent que des choses magnifiques se passent en Afrique, car les médias ne braquent les feux que sur l’extrême pauvreté, les maladies, le despotisme et la corruption politique de ce continent. Ce qui nous a empêché de saisir la complexité de sa mosaïque culturelle. »
WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

lundi 18 février 2008

bismillahi

Bismillahi nassankar nessenta
Dagh assawra fal medden d-ayetma
Bismillahi
Nestagh imaghdaran, nakokal ichenga
Bismillahi
Ad nawen idaghan
San eder dagh fewan
Bismillahi
Naget tanakra fal naddew d-ayetma
Bismillahi

AU NOM DE DIEU

Au nom de Dieu,
Nous commençons la révolution avec mes frères
Au nom de Dieu,
Nous pourchassons les traîtres, nous acculons les ennemis
Au nom de Dieu,
Nous gagnerons les montagnes
Au nom de Dieu,
Soulevons-nous avec mes frères

Keddou ag oussad
Traduction : Nadia Belalimat
Un hymne de la rébellion touarègue des années 90. Un appel à l’unité du peuple touareg
Et au combat pour la reconnaissance de ses droits.

jeudi 14 février 2008

Les Touaregs, encore une fois, victimes de la barbarie de l’Etat nigérien…

Incapables d’aller affronter les combattants touaregs sur le front, les barbares de l’armée nigérienne s’attaquent au bétail des populations touarègues.
Ainsi, le mardi 12 février, des abrutis armés appartenants aux troupes de l’armée nigérienne ont abattus une dizaine de chameaux à Iferouane, dans l’Aïr, des chameaux gardés par un jeune berger resté impuissants devant une bande de voyous. Là, on peut réellement parler de bandits : des lâches qui s’attaquent à des êtres vulnérables.
Et dire qu’il y a des Touaregs qui fréquentent un régime responsable d’actes pareils !

samedi 9 février 2008

La Révolte des Hommes Bleus

« Le pire pour nous, c’est le mépris ». Menacés par la famine, négligés par le pouvoir de Niamey, les rebelles touaregs ont repris les armes pour obtenir un meilleur partage des richesses engendrées par l’exploitation du pétrole et de l’uranium. Reportage de notre envoyé spécial dans le désert du Ténéré.
Ce soir, c’est spaghettis. Comme hier. Et comme demain, sans doute. Un jour, Mohamed Moussa Aboutali y ajoute des oignons. Un autre, du concentré de tomate. Rarement les deux en même temps. Il ne faudrait pas gaspiller les vivres. Dans le Ténéré, la légendaire hospitalité des Touaregs, ces derniers temps, est mise à rude épreuve. « A la guerre comme à la guerre », dit le cuistot en s’excusant. Sa kalachnikov est calée contre un rocher à deux pas des braises sur lesquelles il a posé sa marmite. Quand il était enfant, la erand-mère de Mohamed Moussa lui a confié qu’il avait du sang français. Un sous-officier de l’armée coloniale tombé, prétendait-elle, sous le charme d’une jeune et belle Touareg. Personne ne se souvient ni de son nom ni de ce qu’il est devenu. « Si j’aime faire la cuisine, c’est sans doute un peu à lui que je le dois. »
Le 17 mai, avec quatre de ses camarades, Mohamed Moussa a déserté. A Tchighazérine, où se trouvait leur unité des Forces nationales d’Itervention et de Sécurité (Fnis), ils ont volé le pick-up flambant neuf du préfet, un Toyota de 200 chevaux surmonté d’une mitrailleuse de 12.7. A l’arrière du bolide à quatre roues motrices, ils ont jeté une quarantaine de fusils automatiques empruntés à l’armurerie, une demi-douzaine de lance-roquettes, des caisses de munitions. Ne manquait plus que quelques bidons d’essence et, avant le lever du soleil, ils étaient partis. Sur le tableau de bord, un autocollant : « Un bienfait n’est jamais perdu. » Le préfet était un homme sage et pieux. D’abord ils ont pris la route du nord à travers les montagnes de l’Aïr, puis ils ont mis le cap à l’est. Quelque part au-delà des grandes dunes de sable fin les attendaient leurs frères d’armes du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ). Par téléphone satellite, ils avaient convenu du lieu de rendez-vous. Cette semaine-là, ils étaient le second groupe d’ex-militaires touaregs à venir grossir les rangs de la rébellion. Le MNJ aujourd’hui revendique plus de 700 combattants.Depuis Niamey, la capitale, il nous a fallu pas moins de quatre jours pour parvenir jusqu’à cette oasis, au pied du Takolokouzet, où nous attendait notre escorte. Nous avons dû couper à travers la brousse et le désert afin d’éviter les barrages de l’armée et de la gendarmerie qui, depuis le début de l’insurrection touareg, se multiplient dans la région d’Agadez. Le pouvoir est sur les dents et craint les attaques de ceux qu’il appelle des « coupeurs de routes ». Les journalistes non plus ne sont pas les bienvenus. Il y a belle lurette qu’au ministère de l’Information on ne délivre plus d’accréditations pour cette partie du pays. « C’est à cause de l’insécurité. Des bandes armées qui s’en prennent aux -voyageurs. Mais, rassurez-vous, dit un conseiller au visiteur impatient, ça ne durera pas. Dès que tout sera rentré dans l’ordre, vous pourrez, y aller. »
« Moi, raconte Mohamed Moussa en posant sur une natte de plastique le plat de nouilles qu’il vient d’égoutter, ça faisait neuf ans que j’étais dans les Fuis. En neuf ans, je n’ai jamais été ni puni ni promu. Quand j’ai déserté, je n’étais toujours qu’un simple soldat. Dans une armée normale, je serais au moins sergent. Mais pas au Niger. Chez nous, le plus haut qu’un Touareg puisse aller, c’est capitaine. » Comme dans toutes les unités, le haut commandement est aux mains des ethnies du Sud. Plus de la moitié des officiers supérieurs sont des Djermas, des négro-africains, sédentaires comme les Haoussas. Les Touaregs, eux, sont des Berbères, des nomades. De part et d’autre on ne s’apprécie guère. Et ça ne date pas d’aujourd’hui.
« Le pire pour nous, reprend Ibrahima Akhmoudou, un autre déserteur, ce n’est pas le manque d’avancement ou de perspectives. C’est le mépris. Chaque semaine à la radio, à la télévision nationale, on nous rabâche que les Touaregs sont tous des trafiquants de drogue, des bandits de grand chemin... Moi, je ne fume pas t je n’ai jamais volé personne. Et si certains de nos frères ou de nos fils ont conduit des contrebandiers à travers le désert, c’est parce qu’on ne leur a jamais donné les moyens de s’en sortir honnêtement. »
Les Fnis ont été créées en 1996, un an après les accords de paix signés entre le Niger et les rebelles touaregs de l’époque. C’est la coopération française qui a fourni l’essentiel des moyens de transport et de communication. L’idée était à la fois de proposer un travail « dans leurs cordes » aux anciens combattants et de lutter contre les trafics en tout genre aux frontières du Mali, de l’Algérie, de la Libye, du Tchad. Cigarettes, drogue, armes, émigrés clandestins, militants islamistes... L’est du Sahara n’a de désert que le nom et personne mieux que les Touaregs ne sait lire, avant que le vent ne les balaie, les traces qui, d’est en ouest, du sud au nord, se suivent ou s’entrecroisent. Depuis, selon le haut-commissaire nigérien à la restauration de la paix, 3 014 ex-rebelles auraient été intégrés dans les forces armées nigériennes ; 3 500 autres auraient préféré retourner à la vie civile et empocher l’équivalent de 230 euros. Pas même le prix d’un bon dromadaire.
Les rares entreprises étrangères présentes dans la zone se sont engagées, elles aussi, à embaucher en priorité les habitants de la région. Areva la première. L’ancienne Cogema, qui depuis les années 1970 trouve dans le sous-sol du Niger l’essentiel de l’uranium dont ont besoin les centrales nucléaires françaises, n’a pas manqué de donner l’exemple et d’offrir quelques postes de chauffeurs ou de gardiens aux Touaregs d’Arlit ou d’Agadez. Mais le temps a passé. Les vieux sont partis à la retraite. Ils n’ont pas tous été remplacés. Même avec la meilleure volonté du monde, Areva n’a pas besoin chaque année de dizaines de conducteurs ou de vigiles supplémentaires. Beaucoup de jeunes sont sans travail. Sans aucune formation. Touareg, ce n’est pas un métier. « Les emplois qualifiés ? Ils vont à d’autres. Pas aux jeunes des environs qui souvent, comme la plupart d’entre nous, ne sont même pas allés jusqu’au certificat d’études », dit le brigadier-chef Moussana Madou. Dans le ciel constellé d’étoiles, un satellite passe au-dessus de nos têtes en clignotant. « Tu crois qu’ils nous voient de là-haut, les Américains ? » demande notre guide Ibrahim. Sans doute. Depuis le 11-Septembre, ils ont sérieusement renforcé leur surveillance au-dessus du Sahel. Aux premières lueurs du jour, la prière est vite expédiée. En soldats aguerris, les hommes du MNJ préfèrent nettoyer leurs armes que de rendre grâce à Dieu. A moins d’une heure d’ici, l’une de leurs patrouilles, hier soir, est tombée sur les traces de véhicules des Forces armées nigériennes. Mieux vaut ne pas s’attarder, d’autant que ce matin, dans un lieu tenu secret, Aghali Alambo, le chef du Mouvement des Nigériens pour la Justice, nous attend. Trois heures durant, nos voitures tout-terrain filent à 130 kilomètres à l’heure, sur une langue de sable aussi compacte et dure qu’une plage à marée basse. Les copilotes ont les yeux rivés sur leur GPS. A cette allure, si nous roulions ne serait-ce qu’un quart d’heure de plus nous nous retrouverions, sans même nous en apercevoir, du côté algérien de la frontière. La base du MNJ n’est plus très loin. Mais nous ne la verrons pas. La confiance a ses limites. Nous voici dans un vaste cirque bordé d’éperons rocheux. Une forteresse naturelle. C’est là qu’en notre honneur va avoir lieu la grande parade des forces du MNJ. La colonne qui s’avance est impressionnante : une bonne vingtaine de pick-up, tous des modèles récents, sur lesquels ont pris place 8 ou 10 combattants. Certes leurs uniformes sont dépareillés, mais la plupart sont neufs. Un chèche enroulé autour de la tête, certains portent des chaussures de ville, d’autres des rangers de cuir noires qu’ils viennent juste de recevoir. Leur armement est tout aussi disparate. Mais apparemment ils ne manquent de rien. Pièce maîtresse de leur dispositif de défense : un vieux canon antiaérien de 14,5 mm « made in USSR ».
Vêtu d’un treillis beige comme ceux dont sont dotées les troupes américaines en Irak, Aghali Alambo arbore le turban indigo des hommes bleus du désert. A 43 ans, il est le président d’un mouvement qui a vu le jour en février dernier après l’attaque d’une caserne à Iférouane. C’est le frère cadet d’Aghali, Aboubacar Alambo, qui a mené cette opération, qui a fait trois morts et de nombreux blessés dans les rangs des militaires. Depuis, les accrochages se sont multipliés. Jamais jusqu’à présent l’armée n’a eu le dessus. Aghali Alambo n’a rien d’un tribun, d’un chef de guerre charismatique. C’est un homme discret et réservé. Un autodidacte. Il a 20 ans lorsque éclate la précédente rébellion. Le jeune berger s’avère être un fin stratège. De 1991 à 1995, sans jamais, dit-on, avoir tiré un seul coup de feu, il est chef d’état-major du Front de Libération de l’Air et de l’Azawak que dirige Rhissa Ag Boula.
Lorsque, sous la houlette du Burkina Faso, de l’Algérie et de la France, on signe enfin la paix à Ouagadougou le 24 avril 1995, Aghali Alambo revient à la vie civile. Un temps il sera l’adjoint du sous-préfet d’Arlit. Mais bien vite il s’ennuie dans son petit bureau. Alors il se lance dans les affaires et fonde sa propre agence de voyages, Touareg Tours. Chaque dimanche, de décembre à avril, des avions de la compagnie Point Afrique débarquent à l’aéroport Mano-Dayak d’Agadez des « aventuriers » en Pataugas - dont une majorité de Français - venus découvrir les charmes du Ténéré. Grâce à Saint-Exupéry et au Paris-Dakar, le désert est à la mode. Surtout en hiver, quand les nuits sont fraîches et les journées pas encore trop chaudes.
Pour l’ancien rebelle, cet engouement est une bénédiction. Son agence est devenue l’une des plus importantes de la place. Il est désormais un notable. Un homme respecté. Il songe même à se lancer dans la politique. L’été 2005, le Niger une nouvelle fois est à la une de l’actualité. Sur les écrans de télévision en Europe, aux Etats-Unis, des images d’enfants squelettiques, le ventre comme un ballon. Pour la seconde année consécutive, les pluies ont manqué. Dans les villages, les réserves de nourriture et de fourrage, elles aussi, sont à sec. Résultat : une crise alimentaire comme on n’en avait pas vue depuis longtemps en Afrique subsaharienne. Le gouvernement est dépassé. Le président accuse la presse internationale, qui parle de famine, de sensationnalisme. C’est au sud du pays que la situation est le plus grave. C’est donc là qu’interviennent en priorité les ONG, Médecins sans Frontières en tête. Au nord, les choses ne vont guère mieux. Mais qui se soucie des nomades et de leurs troupeaux ?
Pas grand monde. Sauf Aghali Alambo, qui remue ciel et terre pour obtenir de l’aide, qui utilise ses propres 4x4 pour acheminer des vivres. Il sait depuis toujours qu’à Niamey les autorités se fichent comme de leurs premières babouches du sort des Touaregs, des Peuls, des Toubous, des Arabes du Niger. « Les promesses qui nous ont été faites au moment des accords de Ouagadougou en 1995 n’ont pas toutes été tenues, loin de là, dit Aghali Alambo. Ce qu’on demande, c’est, un réel partage des richesses générées par l’exploitation de l’uranium et du pétrole, une vraie décentralisation, pour que cet. argent. serve en priorité à des projets de développement dans la région. » Jusqu’à présent, seuls 15% des bénéfices des compagnies minières étrangères vont aux collectivités locales. Le mouvement rebelle voudrait que ce chiffre passe à 50%. Et il a les moyens de se faire entendre. Le 19 avril, le MNJ attaque en pleine nuit un site de prospection d’Areva près d’Imouraren, tue deux gardes et s’empare de six voitures. « Un avertissement », dit un communiqué de la rébellion. Le message est reçu cinq sur cinq. Fin juin, les autorités nigériennes expulsent le Monsieur Sécurité de la compagnie française, un ancien attaché de défense à l’ambassade de France à Niamey. On lui reproche d’être entré en contact avec le MNJ pour protéger les intérêts de son employeur.
Le 6 juillet, un Chinois, employé d’une entreprise spécialisée dans le nucléaire civil, est enlevé près de la localité d’Ingal, à une centaine de kilomètres à l’ouest d’Agadez. Pour Aghali Alambo, pas question de rançon. Mais un ultimatum. La Chine doit cesser de soutenir financièrement le pouvoir « prédateur » nigérien, qui grâce aux dollars chinois achète de l’armement en quantité. Récemment, le président Mamadou Tandja se serait procuré deux hélicoptères d’attaque Mi-24 de fabrication russe pilotés, paraît-il, par des Ukrainiens. « Nous soupçonnons aussi les Chinois, confie le chef du MNJ, d’enterrer secrètement des déchets toxiques, de se servir Je nos terres comme d’une poubelle. Ca ne peut pas continuer comme ça. » La China Nuclear Engineering and Construction Corporation ne se l’est pas fait dire deux fois. En attendant des jours meilleurs, elle a suspendu ses activités de prospection et rapatrié tout son personnel hors de la zone de tension. Dix jours après avoir été kidnappé, Zhang Guohua et les trois militaires censés assurer sa protection étaient remis par les rebelles au Comité international de la Croix-Rouge. Tous sains et saufs. A quelques dizaines de mètres du lit pliant sur lequel Aghali Alambo s’est assis pour tenir conseil avec ses principaux lieutenants, ses nouvelles recrues s’entraînent à marcher au pas. Parmi les apprentis combattants, trois ou quatre portent la barbe taillée au carré des musulmans très pratiquants. Aux heures les plus chaudes de la journée, plutôt que de faire la sieste à l’ombre d’un rocher, ils se plongent dans le Coran. Des islamistes ? « Non, dit leur chef. Nous ne sommes ni des fondamentalistes ni des salafistes. Nous n’avons rien à voir avec les Algériens du GSPC ou avec les terroristes d’Al-Qaida. Nous sommes la Jeunesse arabe du Niger. Nous aussi, nous en avons assez des discriminations. C’est pour cela que nous avons rejoint nos frères touaregs. Nous avons les mêmes problèmes avec le pouvoir, les mêmes objectifs qu’eux. » Dans le civil, Abta Hamaïdi est un riche commerçant. Ici, avec ses lunettes fumées dernier cri, son turban de couleur ocre et sa combinaison moulante, on dirait un Omar Sharif un peu enrobé qui attendrait le signal du metteur en scène pour lancer ses troupes à l’assaut d’une position ennemie. Mais la guerre, la vraie, a commencé...
Au printemps, l’armée prend position à Tazerzeit, à 300 kilomètres à vol d’oiseau au nord d’Agadez. En installant leur camp aux abords du puits, les soldats, à coups de crosse, avaient chassé les nomades qui y faisaient boire leurs bêtes. Pour améliorer l’ordinaire, ils ont égorgé quelques chèvres et deux ou trois dromadaires. Au pied d’un acacia, trois vieillards regardaient la scène. Mal leur en a pris. Les soldats les ont battus, tués et jetés dans une fosse commune. L’aîné, à moitié aveugle, avait 85 ans, son frère, 80, et le plus jeune, 65 ans, avec une jambe de bois. La nouvelle de leur mort s’est répandue comme une traînée de poudre dans l’Aïr et le Ténéré. Le 22 juin à l’aube, une centaine de rebelles attaquent le camp de Tazerzeit. Les militaires nigériens sont pris par surprise, c’est la débandade. Après une heure de combat, on compte une quinzaine de morts dans leurs rangs et une quarantaine de blessés dont treize dans un état grave. Tous les survivants sont faits prisonniers et remis au CICR. Pour les rebelles, l’attaque était une opération de représailles, une vengeance. Elle fut pour l’armée nationale une terrible humiliation.
Dans la classe politique au Niger, il n’y a plus guère que Mamadou Tandja, le président, pour continuer encore à traiter de « bandits » et de « trafiquants » les rebelles du MNJ. Son Premier ministre comme les députés dans leur majorité lui recommandent instamment de faire appel à des médiateurs - étrangers s’il le faut - et d’entamer le dialogue avec Aghali Alambo pour tenter de ramener la paix dans le pays. En vain. En 1990, cet ancien colonel de l’armée nigérienne était ministre de l’Intérieur sous la présidence du général Ali Seïbou. C’est lui, Mamadou Tandja, qui a mené la répression sanglante qui fit à l’époque des centaines de morts parmi la jeunesse touareg. Personne, dans les rangs du MNJ, ne l’a oublié. Aujourd’hui, à l’évidence, il n’entend pas changer de stratégie. Il a envoyé vers le nord pas moins de 4 000 soldats pour mater coûte que coûte la rébellion. Au vu des premiers résultats, il aurait tort d’être optimiste.
''Correspondant de France 2 en Afrique, Dominique Derda et le cameraman qui l’accompagnait furent les premiers journalistes à se rendre dans le fief de la nouvelle rébellion. ''